Dans la dynamique de l’esprit Serviam, Niuhere, une jeune originaire de Tahiti, a proposé des cours de danse tahitienne et a ainsi contribué à l’animation des temps forts du foyer au cours de cette année universitaire 2020-21. Niuhere a été reconnue unanimement comme un excellent professeur ! Nous lui laissons la parole :

Située dans l’océan Pacifique, la Polynésie française se trouve à 18 000 kms de la France et est composée de 118 îles réparties dans 5 archipels. Je suis originaire de l’archipel de la Société et plus précisément de l’île de Tahiti.

Depuis toute petite, je pratique la danse tahitienne et pendant mes 3 années au lycée, j’étais inscrite dans le groupe de danse Aratoa où j’ai pu évoluer et me perfectionner pour ensuite choisir la danse comme option au Baccalauréat.

La danse tahitienne ne m’a pas quitté pas car, à mon arrivée à Angers au Foyer Merici, au début de l’année universitaire 2020-2021, j’ai souhaité poursuivre cette activité culturelle polynésienne afin de rester attachée à mes racines ancestrales et continuer à partager cette passion qui me tient à cœur.

Pour cela, en plus de mes études à l’UCO, j’ai proposé bénévolement un service d’apprentissage de la danse tahitienne aux jeunes filles de Merici. Une dizaine d’étudiantes se sont inscrites et, selon leurs disponibilités, elles participaient à l’une des deux réunions hebdomadaires fixées (le lundi ou le jeudi de 18h à 19h).

Au cours des enseignements de la danse tahitienne, j’éprouvais particulièrement de la satisfaction car les jeunes filles apprenaient non seulement les pas complexes et le balancement spécial des hanches mais aussi de nombreux mots tahitiens, spécialement ceux qui apparaissent dans les paroles des chants mélodieux. En plus de la danse, personnellement, j’apprécie la musique, le chant, la diversité des mélodies qui représentent une force et une puissance particulière me permettant de calmer mes souffrances, de surmonter des épreuves personnelles et des soucis de tout genre. La danse tahitienne est très souvent chantée sur des rythmes différents, ce qui représente vraiment un excellent moyen de se relier les unes et aux autres dans une ambiance apaisante, relaxante et agréable.

Rendre ce service à mes amies était une grande satisfaction pour moi car cela me permettait d’échanger plus amplement avec elles, d’apprendre à mieux les connaître et ainsi pouvoir échanger sur la richesse et la diversité de nos cultures respectives. Au foyer Merici, nos différences ethniques et culturelles ont réellement fait la richesse de nos moments de partage et d’échange et nous ont surtout rapprochées et réunies dans un même esprit de collaboration et de fraternité.

Malgré la distance qui me séparait de ma Polynésie, cet esprit de partage culturel me permettait de rester en relation avec ma famille, mes racines polynésiennes, et avec mon île natale, et de valoriser la richesse et les particularités de ma culture polynésienne. Lorsque certaines chansons, par exemple, étaient difficiles à décortiquer ou bien quand le sens profond des paroles était difficile à saisir, ma famille m’aidait à distance et par la même occasion, je me perfectionnais en tahitien qui est ma langue maternelle.

Après plusieurs heures de répétitions et avec l’accord des responsables du Foyer Merici, je me suis entendue avec mes danseuses sur la présentation de nos chorégraphies aux temps forts du foyer : à la fête de Noël et à la Sainte Angèle. D’un commun accord, l’union et le partage ont progressivement pris place dans notre groupe et nous avons pu présenter un magnifique spectacle autour de diverses danses tahitiennes appelées «’aparima » (littéralement ’apa signifie geste, gestuel et rima, la main).

Cette initiation à la danse tahitienne a permis à plusieurs filles de finalement s’exprimer par leur corps, de transmettre des messages forts à travers un langage gestuel, tout en suivant la mélodie de la chanson tahitienne.

Ce qui est important dans cette expression artistique, c’est que le geste accompagne la parole et apporte du sens dans la danse et, par la même occasion, te transporte dans un environnement authentique, un tout autre contexte, poétique et artistique, qui te coupe, pendant un instant, le temps de la répétition ou du spectacle, du temps présent et de la vie quotidienne stressante. C’est un réel lâcher prise pour chacune des danseuses et, personnellement, la danse m’a aidée à retrouver mes repères en France, à me ressourcer, à me rapprocher de ma famille et de ma Polynésie, à prendre plaisir tout en m’épanouissant dans la joie de vivre une Vie offerte gracieusement par Dieu.

Cette merveilleuse opportunité m’a enfin permis de grandir à travers la danse tahitienne que je souhaiterais poursuivre durant l’année universitaire 2021-2022 à Angers, au Foyer Merici. Je remercie d’ailleurs sincèrement les personnes du foyer car cette occasion culturelle polynésienne est exceptionnelle et unique pour moi. En effet, ma passion pour la danse tahitienne m’a permis de gérer seule une petite formation, d’affronter les différentes épreuves de la vie, de me relever face à des obstacles, enfin, de grandir spirituellement en prenant encore plus d’assurance et en gagnant une pleine confiance en moi. Niuhere